Lorsque j’ai débuté la photographie à la fin des années 2000, je suis rapidement devenue adepte des autoportraits. À cette époque, je n’osais pas diriger mon appareil vers d’autres personnes et puisque je m’avais constamment sous la main, je pouvais me manipuler à volonté.
En explorant la question des apparences, j’ai élaboré plusieurs séries constituées d’autoportraits. Et comme dans les selfies, je me suis rendu compte au fil du temps, que le regard mécanique de l’appareil pointé vers moi avait le pouvoir de me transformer.
Dès que je mettais le retardateur en marche et que je passais devant l’objectif, je me dédoublais et me créais une nouvelle identité. Telle une actrice, je me mettais automatiquement dans la peau d’un personnage et m’éloignais progressivement de la représentation fidèle de la réalité. 
Étrangement d’ailleurs, puisque je réalisais rarement mes autoportraits en présence d’autres personnes, comme si ce changement était beaucoup trop intime, trop personnel.
Avec peu d’ingrédients, « Asymétrie » représente cette transition où je quitte le réel pour parvenir au semblant.
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Avec cette série, je montre comment j’ai été trompée par mon appareil photo, et comment je peux, à mon tour, tromper les spectateurs. S’ils voient mes images sans lire ma note
d’intention, ils peuvent croire que ces images ne sont que des backstages de séances photos avec ma sœur jumelle.
Mais ce n’est pas réel. Ces photos sont des photos mises en scène, qui sont, ensuite, truquées sur un logiciel. Je n’ai pas de sœur jumelle.
Alors, dans un monde envahi d’images et souvent de fake news, j’encourage le spectateur à prendre du recul et à vérifier les informations données avant de les croire.
© Pauline Le Pichon / Adagp

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